Peinture sous-verres au Sénégal

Peinture sous-verres

La peinture sous-verres (appelée suweer en wolof) est une technique picturale typiquement sénégalaise.

La peinture sous-verres est connue en Europe depuis l’Antiquité et fut introduite au XIXe siècle, au Sénégal.
Le verre protège la peinture et lui confère son aspect lisse et brillant. La peinture sous-verres (également nommée « fixés ») présente de façon naïve des scènes de la vie quotidienne.
Ces sous-verres sont généralement l’oeuvre d’artisans des rues qui les commercialisent sur les marchés.
Les grands noms dans cet art comprennent Moussa Sakho, Serigne Ndiaye, Fallou Dolly, Gora Mbengue, Mor Guèye, Sea Diallo ou Anta Germaine Gaye.

Peinture sous-verres au Sénégal
Représentation d'Al-Buraq (créature ailée mi-humaine, mi-cheval) peinte sur verre par Gora Mbengue

La peinture sous-verres, également connue sous le nom de “sous-verre”, est un art délicat et minutieux qui consiste à peindre directement au revers d’une plaque de verre. Originaire probablement de la région méditerranéenne, cette technique voyagea à travers le monde islamique avant d’être adoptée avec brio au Sénégal. Ce fut notamment le cas dans les grandes villes telles que Dakar, Saint-Louis et Kaolack. Ce style de peinture, qui combine tradition et innovation, a acquis une reconnaissance unique au sein du paysage artistique sénégalais.

Les racines historiques et culturelles de la peinture sous-verres

Bien que l’origine exacte de la peinture sous-verre reste débattue, cette technique est indissociable de l’influence islamique au Sénégal. Introduite au XIXe siècle, elle servait souvent à représenter des thèmes religieux, comme des scènes coraniques ou des portraits de saints. Le matériau utilisé – le verre – confère à ces œuvres une brillance et une intensité qui magnifient les couleurs et les détails.

Dans la culture sénégalaise, l’art sous-verre n’était pas seulement une pratique artistique, mais aussi un moyen de conserver et de transmettre des croyances, des coutumes et des récits historiques. Par exemple, certaines œuvres représentent des événements marquants de la lutte contre la colonisation française, ou rendent hommage à des figures nationales comme Cheikh Amadou Bamba, le fondateur du mouridisme.

L’art du processus : Technique et créativité

La création d’une œuvre sous-verre exige une précision sans faille et une parfaite maîtrise technique. Contrairement à la peinture traditionnelle où l’artiste commence par l’arrière-plan, ici tout commence par les détails les plus fins. L’artiste peint directement sur le côté lisse et transparent du verre, en inversant l’ordre des éléments : les traits du visage, les ornements ou les inscriptions sont réalisés en premier, suivis par les grandes zones de couleur et les arrière-plans.

Cette méthode renforce l’originalité des œuvres et nécessite une planification méticuleuse. Les matériaux comprennent généralement de la peinture acrylique ou des pigments naturels, mais certains artistes modernes expérimentent avec des techniques mixtes pour enrichir leurs créations.

Peinture sous-verre ayant pour thème la traite des esclaves.

Des thématiques variées et universelles

Au-delà des thèmes religieux qui ont dominé les débuts de cet art, les artistes contemporains sénégalais utilisent la peinture sous-verres pour explorer une diversité de sujets. Les œuvres peuvent représenter des scènes de la vie quotidienne, des paysages, ou encore des commentaires sur des questions sociales comme la migration, l’égalité des genres et les impacts de la mondialisation.

Ce qui rend cet art particulièrement captivant, c’est la manière dont les artistes jouent avec la lumière et la transparence pour ajouter une dimension narrative et visuelle unique. Les personnages vibrent d’une énergie qui semble transcender le verre, reliant l’observateur aux récits qu’ils évoquent.

Un art en mutation : Entre tradition et modernité

Au cours des dernières décennies, la peinture sous-verres sénégalaise a évolué pour refléter les changements sociétaux et les influences extérieures. Les artistes contemporains, tels que Gora Mbengue et Iba N’Diaye, ont su redéfinir cette forme d’art en l’adaptant à des préoccupations contemporaines et en expérimentant des styles plus abstraits.

En outre, cette technique trouve aujourd’hui une place dans les galeries internationales et les musées, mais elle continue de prospérer en tant qu’art populaire. Au marché Sandaga de Dakar, par exemple, il n’est pas rare de trouver des œuvres sous-verre réalisées par des artistes anonymes, disponibles pour les amateurs d’art et les touristes.

Un patrimoine à préserver

Alors que la mondialisation et les nouvelles technologies transforment le monde de l’art, l’importance de préserver les traditions artistiques locales comme la peinture sous-verre devient cruciale. Des initiatives communautaires et des ateliers éducatifs au Sénégal visent à transmettre cette technique aux jeunes générations, assurant ainsi sa pérennité.

Une lumière éclatante à travers le verre

La peinture sous-verres sénégalaise est bien plus qu’un simple art décoratif. C’est une expression vibrante de l’âme et de l’histoire du Sénégal. Que ce soit à travers des représentations religieuses ou des explorations modernes, elle continue d’illuminer la diversité et la résilience culturelle du pays. En tant qu’observateurs, nous sommes invités à contempler non seulement la beauté de ces œuvres, mais aussi les récits profonds qu’elles incarnent.

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